Tout a commencé lors de la dernière fête du cheval à la Prévalaye… je ne connaissais pour ainsi dire rien aux longues rênes, mis à part quelques images de chevaux plus ou moins encapuchonnés, escortés d’un humain solidement planté au centre d’un cercle parfait, ou les suivant d’un pas mesuré de militaire ; et ces images ne laissaient rien paraitre de l’intérêt pédagogique des longues rênes, dont plusieurs personnes m’avaient pourtant vanté les mérites… à la fête du cheval, j’ai assisté avec intérêt à la démonstration de Pauline et Blue Eye Jac : un cheval léger, cadencé, réactif et concentré, qui enchaînait des changements de direction souples et précis sur des rênes flottantes : le rêve.
Les longues rênes ne seraient donc pas réservées à la préparation à l’attelage et aux chevaux des grandes écoles de dressage ? Chic ! J’allais pouvoir m’y mettre ! Je cherchais justement un moyen de faire travailler ma jeune jument de 3 ans de façon précise tout en préservant son dos, sa croissance n’étant pas achevée : les longues rênes établissent une passerelle entre le travail à pied ou en longe et le travail monté « sur la main ».
J’ai profité, au cours de l’hiver, d’une formation proposée aux enseignants par l’Ecole Nationale d’Equitation et le Cadre Noir de Saumur, à l’occasion de leur passage à Rennes, pour approfondir cette approche, car la formation concernait le travail au sol : longe et longues rênes. Cependant, cette expérience m’a laissée très dubitative : des chevaux tendus comme des arbalètes, bavant à gros bouillons sur leurs doubles mors, qui accomplissaient certes des prouesses techniques – et mécaniques ! – mais sans aucun libre arbitre, strictement encadrés par leurs écuyers. Un beau spectacle de dressage sans doute, mais justement, le « dressage » n’est pas mon truc.
La démonstration de Pauline et son cheval relevait davantage de l’ « éducation », du travail sous contrat, le cheval se prenant en charge dans son équilibre et sa locomotion, les aides du cavalier étant transmises par le poids des rênes et non par traction. Pour être honnête, une des démonstrations de l’ENE m’a toute de même séduite, celle d’un cheval d’obstacle qui s’élançait volontiers sur les barres, tournant et virant à loisir au bout des longues rênes d’un écuyer au contact léger, en outre excellent pédagogue, et qui, en coulisses a volontiers pris le temps de nous révéler quelques astuces et de nous décrire son art…
En février, j’ai eu le plaisir de participer à un stage animé par Pauline pour Ange et moi-même, avec ses propres chevaux. Au programme : initiation aux longues rênes ! Une expérience aussi amusante qu’enrichissante, que je conseille à tous les intéressés ! Evidemment, ayant à peine quitté la Station (à Thourie !) j’étais résolue à initier ma pouliche au plus tôt !
Pour la première séance, je m’étais fixé pour objectif de l’habituer au contact des longues rênes, sur le dos puis sous les fesses. Je pensais que cette étape nécessitait beaucoup de patience et de diplomatie, et qu’il serait prématuré d’envisager de marcher dès la première séance… en fait Slavana n’a eu aucune surprise, à croire qu’elle avait déjà parcouru des kilomètres avec une longe sous les fesses ! Nous sommes donc parties au pas. Puis j’ai demandé l’arrêt, sans souci car elle s’arrête bien à la voix. Puis nouveau départ au pas, puis au trot ! Toujours aucune réaction ! Après quelques changements de direction et transitions aux deux mains, j’ai terminé cette première séance, ravie de constater que l’acclimatation était si rapide (nos séances de « désensibilisation » diverses n’ont donc pas été vaines !)
Progressivement, en quelques séances, nous avons pu quitter le rond de longe pour partir à la conquête de notre environnement en longues rênes, franchissant les fossés, slalomant entre les arbres, le tout avec un bien meilleur contrôle de sa direction, de son attitude, et en l’amenant à faire face « seule » aux divers obstacles, passer entre des barres, sur une bâche, reculer…
Désormais, Sla commence à venir « sur la main » aux trois allures. Il m’est encore délicat de la mener correctement sur des sauts isolés, nous travaillons donc l’obstacle plutôt dans le rond de longe qui canalise mieux sa trajectoire (il me faut progresser en téléguidage !) ; mais j’apprécie vraiment de travailler de cette façon, car les longues rênes permettent d’obtenir une meilleure attitude que la longe seule : les rênes coulissant dans les anneaux du surfaix encadrent complètement l’encolure, l’action des mains du cavalier au sol étant très similaire à leur action « en selle », tout en préservant le dos du jeune cheval. En outre, les longues rênes permettant d’aborder le travail à l’obstacle sans que le cheval soit parasité par le poids et les actions de jambes du cavalier… en bref, les longues rênes me semblent un excellent outil pour préparer le jeune cheval à son travail de cheval de selle !
… Je remercie encore Pauline et ses chevaux pour cette initiation/conversion, et j’invite les curieux à découvrir cette pratique ! Depuis, j’ai fait à mon tour des émules : j’ai fait découvrir à Isabelle et Napo cette nouvelle forme de travail au sol, et deux semaines plus tard je les ai retrouvés, équipés de surfaix et longues rênes flambant neufs, bien décidés à s’attaquer dès que possibles aux airs de haute école !
Lien vers le blog de Pauline : http://www.paulinejoulaud.com/