Aucun cavalier ne devrait ignorer l’état de la bouche de son cheval, pour deux raisons très simples : grâce au mors, elle nous permet de communiquer, et de sa santé dépend directement celle de l’animal. Un cheval ombrageux ou amaigri peut présenter une pathologie dentaire. Si nous voulons un cheval disponible et en forme, mieux vaut connaitre cette partie de son anatomie, ainsi que les symptômes qui reflèteraient une douleur.
Nutrition et anatomie générale
La bouche est le lieu où se déroule la première étape de la digestion, c’est l’étape mécanique. Le cheval coupe les végétaux avec ses incisives puis les écrase grâce à la «table» formée par ses molaires. Seuls les éléments correctement broyés pourront être assimilés de façon optimale. Comme nous, les chevaux naissent sans dents (sauf exception). Ils perdent leur dents de lait vers l’âge de trois ans; se mettent alors en place les dents persistantes. Ils possèdent un total de 40 dents pour les mâles et 36 pour les juments. Les dents poussent de façons continue de 4 à 5 mm jusqu’à environ 12 ans.
Les dents sont réparties de cette manière sur chaque demi-mâchoire : 3 incisives, 1 canine et 6 molaires, la zone sans dents est appelée «barre», c’est à cet endroit que repose le mors. Les juments n’ont généralement pas de crochets, sinon elles sont dites «bréhaigne».
Comment évaluer rapidement l’âge d’un cheval en regardant ses incisives
On constate que l’angle formé change avec le vieillissement, d’où l’expression, « à cheval donné, on ne regarde pas les dents », bref on ne demande pas son âge… C’est aussi un moyen simple à mettre en œuvre lors d’une vente.
Emplacement du mors dans la bouche
On comprend ainsi comment le mors agit.
Les problèmes fréquents
- Les dents de loup sont des dents «primitives» (présentes chez environ 1/3 des chevaux), elles tombent souvent avec les dents de lait. Mais si elles persistent, il est conseillé de les faire ôter, car elles cognent contre le mors. Le cheval pourrait alors y réagir fortement.
- Les surdents: souvent; le mouvement masticatoire n’est pas suffisant pour user uniformément la table dentaire; la conséquence est l’apparition d’aspérités dentaires coupantes et parfois pointues. La majorité des équidés est soumise à ce problème sans un nivellement annuel. Les conséquences se manifestent par des plaies et des douleurs au niveau des joues, des gencives et/ou de la langue.
Les symptômes qui doivent alerter
- Pour un cheval au champ ou au box :
Tout type d’hésitation lié à la prise de nourriture, une grande quantité de nourriture présente dans l’abreuvoir. Présence de fibres longues dans les fèces. Durée plus longue pour manger son grain, perte de poids, manque d’état malgré et/ou augmentation de la ration. Port anormal de la langue. Salivation excessive. Approche difficile de la partie antérieure du cheval et particulièrement la tête. Et bien sûr renflements visibles sur les faces ou la mâchoire, plaies visibles sur la langue, les lèvres ou les joues.
- Cheval au travail :
Difficulté à brider, tourne préférentiellement d’un côté ou est raide, joue excessivement avec le mors, travaille toujours avec la tête inclinée. Supporte difficilement le contact de la main. « Prend » la main régulièrement, se bat contre la main, salive de façon inhabituelle, tire la langue, la passe au-dessus du mors, encense…
Que faire ?
Une maintenance dentaire cohérente et régulière va permettre l’atténuation puis la disparition de ces différents problèmes. Aussi est-il nécessaire de commencer à contrôler les dents de votre cheval dès son plus jeune âge. C’est surtout au moment du débourrage que le contrôle dentaire est indispensable. Il est important de faire venir un professionnel une fois par an, pour qu’il puisse vérifier l’état des dents du cheval. Le dentiste viendra niveler les aspérités avec une râpe ou une meule, et peut extraire une surdent. Seuls les vétérinaires spécialisés pourront proposer une anesthésie, un cheval calme peut parfaitement accepter un coup de râpe sans être sédaté. L’insertion du pas d’âne (système métallique qui maintient la bouche ouverte) peut être parfois délicate.
De nombreux maux et comportements indésirables peuvent être engendrés par une douleur dentaire ou des lésions buccales. Avant de se battre avec un cheval au travail, ou de nourrir excessivement sa monture, mieux vaut avoir l’avis d’un spécialiste. Attention, tous les vétérinaires n’ont pas suivi une formation dentisterie poussée!
L’AACIV proposera prochainement un stage sur ce sujet si vous êtes intéressé: stage de dentisterie équine – 15 janvier 2012